Surcharge de travail : ressenti ou réalité ?
L’excès de travail nuit à la santé… mais aussi à la productivité, c’est scientifiquement prouvé ! Pour conserver votre enthousiasme et votre efficacité, faites attention à la surcharge de travail. Petit point pour l’identifier et s’en prémunir.
Trop de travail tue le travail.
Votre sonnerie de téléphone retentit : c’est important, alors vous décrochez. Pendant ce temps de conversation, vos yeux sont rivés sur le nombre de mails qui s’accumulent. L’appel se termine et vous ajoutez une énième tâche dans une to-do list déjà longue comme votre bras. Bref, vous avez beau essayer d’être sur tous les fronts, vous êtes débordé.e !
La situation vous semble familière ? Bienvenue dans le club !
La crise sanitaire a provoqué en 2020 un net recul de la durée annuelle effective du travail, selon la DARES : 1506 heures par an, et 37,4 heures par semaine. Cependant, une enquête menée par la CGT en 2021 révèle un ressenti bien différent de la part des travailleurs français : « la moitié des répondants affirment que leur charge de travail a augmenté, de même que le temps passé à travailler ». En cause ? Le manque d’encadrement du télétravail, qui entraînerait des pauses plus courtes et moins nombreuses, ainsi qu’un temps de déconnexion amoindri.
Entre stress et burn out : les conséquences de la surcharge de travail.
Au-delà d’un certain nombre d’heures hebdomadaires, le bien-être au travail est impacté, la productivité anéantie et les risques psychosociaux décuplés. Une étude publiée en 2018 par l’Organisation internationale du travail l’atteste : « travailler régulièrement pendant des heures excessivement longues réduit la productivité horaire en raison d’une plus grande fatigue, et les travailleurs ayant de longues journées de travail et/ou une charge de travail importante signalent une diminution de la satisfaction au travail et de la motivation ». Sans parler du fameux burn-out qui guette…
Alors, pour prendre soin de votre vie professionnelle/personnelle, l’heure est à un état des lieux ! 💪🏿
Définition de la surcharge de travail et loi.
La surcharge de travail est une notion floue, non définie par la loi, que ce soit selon le code du travail ou la sécurité sociale. L’Anact (Agence nationale pour l’amélioration des conditions de travail) précise toutefois que la charge de travail recouvre trois dimensions :
- la charge prescrite : tout ce qu’il est demandé de faire,
- la charge réelle : tout ce qui est réellement effectué,
- la charge vécue : la représentation subjective que le travailleur se fait de sa charge mais aussi du sens de son travail.
Et pour le télétravail comme pour le présentiel, les trois dimensions comptent !
➡️ On pourrait donc dire qu’il y a une surcharge de travail lorsque l’une ou plusieurs de ces dimensions dépassent vos ressources (en temps et/ou en énergie).
Quand la charge de travail pose problème.
Selon l’Anact, « une surcharge de travail, temporaire, visible, reconnue, qui « a du sens » (pour faire face à une situation inédite par exemple) n’est pas toujours mal vécue par le collaborateur. C’est lorsqu’elle dure, mais aussi lorsqu’elle n’est pas visible, pas discutée et pas régulée qu’elle pose problème ».
- Certains vivront ainsi très bien de cumuler les heures supplémentaires pendant quelques semaines pour mener à bien un projet stimulant, par exemple.
- En revanche, se sentir constamment débordé de travail n’a que des effets néfastes pour la santé : cela génère une surcharge mentale, un stress au travail, de l’anxiété chronique, des troubles du sommeil et peut mener jusqu’au burn-out (syndrôme d’épuisement professionnel et d’épuisement émotionnel).
⚠️ L’OMS met aussi en garde sur le temps de travail : exercer plus de 50 heures par semaine augmente significativement les risques de décès en lien avec une pathologie cardiovasculaire.
Comment savoir si on a une surcharge de travail ?
La surcharge de travail est un problème bien réel. Toutefois, il est aussi fréquent de se déclarer « débordé.e ! » par réflexe… Pour faire la part des choses, demandez-vous d’abord ce que vous pourriez faire pour mieux vous organiser. Si votre gestion du temps est irréprochable, par élimination, la reconnaissance d’une trop forte charge de travail s’impose.
Déterminer une surcharge de travail : exemples de questions à vous poser.
- Votre charge de travail est-elle raisonnable ? Si vous enchaînez les semaines de 60 heures, ne déconnectez jamais et que l’on vous fixe des objectifs -objectivement- impossibles à atteindre, la meilleure organisation du monde ne saurait y remédier.
- Ressentez-vous des symptômes liés au stress physique et mental ? Douleurs et troubles musculo-squelettiques, insomnie, excès d’humeur… sont autant de signes avant-coureurs qui doivent vous alerter.
- Comparez-vous : vos collègues ont-ils la même charge que vous ? Si oui comment vivent-ils la situation ?
➡️ Couchez vos journées/semaines sur papier. Planifier d’avance vous permettra de clarifier ce qui relève d’un manque d’organisation et ce qui relève… de l’impossible.
💡 Toujours charrette malgré une organisation martiale ? Réduire votre charge mentale et de travail s’impose : qui veut aller loin ménage sa monture… 💪
Comment faire constater et prouver une surcharge de travail ?
Si la notion de surcharge de travail est partiellement subjective, il est important de vous baser sur des éléments concrets pour (faire) constater une surcharge de travail.
Prouver et argumenter une surcharge de travail.
Pour attester et prouver votre surcharge, vous pouvez « monter un dossier » avec des arguments factuels et temporels :
- notez vos heures,
- les tâches qui vous sont demandées,
- les appels et messages reçus,
- sans oublier de préciser les dates et les moments (pour prouver que l’on vous contacte à répétition le week-end par exemple), à l’échelle de quelques semaines ou mois.
- effectuez aussi un rapport journalier de vos activités, des résultats obtenus, pour attester également de vos capacités, de votre bonne foi et de votre organisation.
💡 D’un côté, cela vous permet de constater votre propre (sur)charge de travail et de l’autre, de pouvoir l’exprimer et l’expliquer.
Comment exprimer une surcharge de travail ?
N’ayez pas peur d’exprimer votre surcharge de travail, d’alerter de vos difficultés et de demander de l’aide ! Au contraire, cela fait aussi partie de votre travail d’identifier les points bloquants dans la conduite de vos projets pour vous donner les moyens de réussir.
Aborder les causes de la surcharge de travail.
Abordez d’abord le sujet avec votre manager et/ou responsable RH. Selon l’Anact, « la régulation de la charge de travail se traite en premier lieu au niveau du manageur et du salarié mais peut aussi impliquer les collègues, les autres services, voire les clients, les fournisseurs, les financeurs, le CA, etc. Le sujet doit donc être discuté de façon transversale : en équipe, entre managers, au sein du comité de direction et dans les IRP ».
💡 Vous pouvez également consulter la médecine du travail pour parler de votre épuisement professionnel et de votre ressenti.
Grâce au « dossier » que vous avez réalisé, qui reprend vos horaires, vos tâches, et votre organisation, vous devriez pouvoir mettre le doigt sur les origines de cette surcharge. Par exemple : un projet qui prend plus de temps que prévu, un collègue qui a besoin d’accompagnement, de longues réunions imprévues qui viennent s’intercaler dans la semaine, des objectifs (trop) élevés…
Listez chaque problématique identifiée et illustrez la manière dont elle impacte votre charge de travail. Exemple : « avec ce projet qui prend plus de temps que prévu et des réunions qui s’intercalent, j’en viens à devoir faire plus de 5h d’heures supplémentaires par semaine pour mener à bien tous les projets ».
Proposer des solutions.
Pour chaque problématique identifiée, réfléchissez en amont à des solutions : un(e) alternant(e) ou un(e) assistant(e) pour alléger votre charge de travail, le transfert d’un dossier à un collègue, un report des échéances, une revue des objectifs… C’est un bon moyen d’ouvrir la discussion avec la hiérarchie et d’acter une nouvelle organisation pour remédier concrètement à la situation.
Comment éviter la surcharge de travail ?
Toujours d’après l’Anact, qui propose un kit méthodologique pour aborder ce problème, réguler sa charge de travail suppose d’agir à trois niveaux :
- Suivre et évaluer la charge de travail (par des échanges réguliers entre manager et collaborateur, en faisant un point mensuel ou trimestriel par exemple).
- Ajuster et adapter (en appliquant les outils d’organisation et de priorisation, mais aussi en sachant dire « non » – aux sollicitations superflues, par exemple. Un simple « Désolé.e, j’ai déjà des engagements » fait souvent l’affaire !).
- Planifier et anticiper (prendre en compte la problématique de la charge de travail au moment de fixer les objectifs).