Ces mots et expressions qui ruinent un entretien d’embauche
Il n'est jamais trop tôt pour faire bonne impression. En entretien, certains mots font ressortir le meilleur de votre personnalité et donnent envie de vous revoir. D'autres... moins.
Les mots singularisent. Ils démarquent et dynamisent. Jouez avec, pendant un entretien d’embauche, face à un patron pressé de vous découvrir. Et surtout, mettez-les en cohérence avec vos ambitions.
Maria Guerci, psychologue du travail et fondatrice du cabinet Les mots au travail, analyse chaque jour des récits d’expériences professionnelles. «Les mots révèlent la motivation. Mon travail est d'isoler ceux qui racontent réellement l'individu.» D'où l'importance pendant l'entretien de garder en tête cette question de base : «pourquoi ?». Pourquoi postulez-vous dans cette entreprise ? Pourquoi maintenant ? Pourquoi la fiche de poste vous attire-t-elle ? L'employeur doit avoir ces réponses quand vous quittez son bureau.
Conseils de la spécialiste pour bannir, en entretien, toutes les expressions qui pourraient venir parasiter le message.
"J’aimerais, je voudrais"… L’usage du conditionnel
Quelque peu flottant, le conditionnel est certes la trace d'une éducation parfaite... mais peut aussi dénoter un manque de confiance en soi et une hésitation à mettre en avant ses attentes. Pas les meilleurs atouts du demandeur d’emploi. Préférez les verbes à la forme active - je veux, je vais, j'aime... «Ils portent un discours plus direct, plus factuel, souligne Maria Guerci. Attention cependant à ne pas paraître égocentrique, ou trop "perso". Par exemple, dire que vous avez "piloté un projet" est à double tranchant. Un pilote n’est pas dans l'équipe des voyageurs.» Montrez-vous actif et humble à fois.
Les tics de langage : "bah", "genre", "euh"
Les «euh» et autres «bah» sont difficiles à cerner. Face à vous, un employeur pourra se demander si vous êtes honnête, ou mal à l’aise. En entretien, il creusera vos affirmations. «Il cherchera à observer quand vous hésitez, sur quels points précisément. Et pourquoi. Cela peut être rédhibitoire. Mais cela peut aussi ouvrir des dialogues. «Vous m'avez l'air perplexe.» Voici une bonne opportunité d’affirmer votre avis.
"Je suis motivé(e)"
L’employeur l’entend à longueur d’entretiens : c'est la phrase stéréotype par excellence. «La motivation est toujours le résultat de quelque chose. Autant mettre en avant ce qui nous porte. Pourquoi suis-je motivé(e) ? Voilà la vraie question.» Mettez d’abord toutes les raisons qui vous animent en avant. «Puis seulement à la fin de l’énumération, vous pouvez conclure : "pour toutes ces raisons, je suis très motivé(e) par ce poste".»
Les mots clichés
Si vous aussi mettez en avant votre valeur ajoutée, votre esprit d'équipe, vos bons résultats, votre côté travailleur acharné/stratège/dynamique/battant/bienveillant… C'est qu'il y a un problème ! Ces mots, alléchants sur le papier, manquent cruellement de fond. Premier écueil à éviter face à un recruteur : rester en surface. «Tout le monde peut dire qu'il a l'esprit d'équipe. Moins expliquent pourquoi ils aiment faire partie d’une équipe. Expliquez que vous avez déjà travaillé avec / dirigé tant de personnes. Qu’avec vos collègues, vous vous entendiez bien pour telles ou telles raisons, et en quoi vous vous complétiez.» Énoncez aussi ce que vous pouvez apporter à l’équipe : quelles connaissances, quelles expériences, quelle vision, quelle énergie, et pourquoi pas de la bonne humeur…
"J’ai besoin de..."
Bien sûr, vous avez besoin de décrocher un travail. Mais veillez à conserver un équilibre dans l’échange. «Il ne faut surtout pas paraître trop en demande. Mes patients qui sont tombés dans ce piège en disant : "j’ai besoin de ce travail car..."; "j’ai besoin de vite rebondir"… se sont souvent retrouvés sans nouvelles de l’employeur. Il vaut mieux parler d’"envie". Celle-ci apporte de l’énergie.» Et c’est cette énergie qui donnera envie à votre interlocuteur de collaborer avec vous.
"J’ai les qualités de mes défauts"
Vous n’échapperez pas à cette question, grand classique des entretiens : «Quels sont, selon vous, vos qualités et vos défauts ?»... suivie de son lot de réponses vues et revues. À bannir d'emblée, le fameux : «Je suis trop perfectionniste». Que répondre alors ? «Cette question offre une formidable occasion de se mettre en avant. Encore faut-il savoir la traiter avec subtilité. Plus que vos défauts, ce que cherche à évaluer la personne qui vous fait face, c’est votre capacité à prendre conscience de vos faiblesses, et votre habileté à les corriger.» Pour en parler, vous pouvez avancer quelque chose comme : «Dans ce projet, je n’ai pas été assez rigoureux car….et j’ai rectifié le tir en…. » Ainsi, vous montrerez que vous retombez toujours sur vos pattes.
"Je ne m'entends pas avec mon actuel patron"
Même si, en prononçant cette phrase, vous pensez partager votre expérience, celle-ci n’apporte rien. «Ce sont là des confidences destinées à une autre sphère. Cette critique n’est pas constructive. Le recruteur pourrait craindre que vous parliez de lui de la même manière. À la place, partagez ce que vous attendez de votre employeur, de votre relation avec lui.» Encore une fois, mettez en avant votre vécu, votre énergie, grâce à des mots positifs, et surtout, toujours concrets.